Les jeunes face à la crise du logement

La quête d’un logement, prise de tête ou créneau politique ?

Pour un grand nombre de jeunes, l'entrée dans le monde du travail est marquée par une première déception : la recherche d'un logement. Entre loyers trop élevés et absence de biens… Ils ont l'impression de se heurter à un mur.

Pourquoi est-il difficile de trouver un logement ? Quelles sont les solutions ? Quel lien entre logement, politique et attractivité des villes ? Quel est l’impact du logement sur l’emploi ? Nous avons interrogé les 18-34 ans !

Se loger, l'éternelle litanie

42% des sondés considèrent que leur difficulté à se loger est d'abord due aux prix des loyers, mais également à la pénurie de logements (21%) et aux démarches administratives (18%).

Pour Ronan Chastellier, sociologue et maître de conférences à Sciences Po Paris, "si pour un étudiant, il devient très compliqué d’obtenir un logement, le problème se déplace désormais vers les « jeunes actifs ». Alors qu’ils sont censés vivre une expérience positive grâce à l’obtention de leur premier emploi, leur enthousiasme se retrouve douché par la difficulté à se loger."

À la recherche de nouveaux concepts

Pour 56% des interrogés, la solution la plus à même de répondre à cet enjeu serait d’implanter de nouveaux concepts d'hébergement adaptés aux besoins spécifiques de chaque usager (étudiants, jeunes actifs, familles, foyers monoparentaux, séniors, ...).

“Les jeunes actifs expriment un désir de réinvention du logement traditionnel. Ils attendent une atmosphère conviviale propice à l’échange, qui se conjugue à des espaces d’intimité et d’attention. Un souhait que l’on peut mettre en parallèle avec leur intérêt pour les concepts de « sharing », de « partage » et « co »” insiste Ronan Chastellier.

Pour eux, proposer des logements adaptés aux différentes tranches de la population permettrait de renforcer l'énergie, l'attractivité et le dynamisme des villes.

Lorsqu'il s'agit des bâtiments vacants, un sentiment de frustration et d'injustice prend place. Pourquoi ces espaces ne leur seraient-ils pas destinés ? Pourquoi ne seraient-ils pas transformés en logements ? C'est ce que souhaitent près de la moitié des sondés. D'ailleurs, 70% d'entre eux se verraient davantage voter, dans le cadre des élections municipales, pour un candidat qui réhabilite le bâti vacant pour le transformer en logement.

Le logement, levier d’attractivité numéro 1 des entreprises

83% des 18-34 ans interrogés pensent qu’une offre de logement suffisante et abordable renforce l’attractivité d’une entreprise qui se situe à proximité.

Le chiffre choc de cette étude ? 41% des sondés ont déclaré avoir déjà refusé un emploi en raison de difficultés à se loger. Un chiffre qui monte à 45% pour les 25-34 ans. C'est donc dans l'intérêt des entreprises de s'intéresser à la crise du logement, pour renforcer leur attractivité aux yeux des salariés.

L’enjeu n’est plus seulement humain ou social, il devient politique.

*Étude réalisée sur un échantillon de 1029 personnes représentatif de la population française âgée de 18 à 50 ans. 50% de l’échantillon est âgé de 18 à 34 ans.